• Articles de presse

    Temps de travail: le capital à l’offensive

    Article paru dans le bimensuel Services publics le 11 décembre 2015.

    Analyse – Dans le public comme le privé, les employeurs veulent pousser plus loin l’augmentation et la flexibilisation de la journée de travail. Dans ce contexte, la grève de la fonction publique genevoise revêt un aspect exemplaire.

    Au XIXe siècle, lorsqu’un nombre croissant d’hommes, de femmes et d’enfants travaillent dans l’industrie naissante, les journées de travail s’allongent considérablement par rapport à l’Ancien Régime. En même temps, le temps de travail tend à se dissocier des rythmes biologiques tout en devenant de plus en plus intense. Les patrons imposent aux ouvriers une discipline tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des usines. En Suisse, la journée de travail varie généralement entre 15 et 16 heures, dans des conditions hygiéniques épouvantables. La limitation de la durée légale du travail n’intervient qu’après plusieurs décennies de luttes ouvrières. Les cantons suisses sont pionniers à l’échelle internationale dans l’adoption de lois sur le travail. Glaris est le premier à inscrire en 1864 une limite journalière de 12 heures pour tout adulte travaillant dans l’industrie. En 1877, la première Loi fédérale sur le travail dans les fabriques limite la journée de travail à 11 heures (10 le samedi). Une nouvelle diminution légale de la durée du temps de travail intervient au niveau fédéral avec la limitation de la journée de travail à 10 heures en 1914, puis de la semaine à 48 heures en 1919. [1]

  • Interviews

    Les enjeux autour de la hausse du temps de travail dans la fonction publique genevoise

    Cet entretien paraît dans le journal Le Courrier du 10 novembre 2015 à propos du passage de quarante à quarante-deux heures de travail hebdomadaires pour les fonctionnaires, réclamé par le Conseil d’État du Canton de Genève. Ce même jour se déroule en effet une grève de la fonction publique genevoise contre cette mesure.

    Qu’implique pour vous l’augmentation du temps de travail préconisée?

    Nicola Cianferoni: Il s’agit d’une remise en question d’acquis sociaux. En effet, parvenir à ces quarante heures hebdomadaires a nécessité un chemin long et conflictuel qui remonte au XIXe siècle. Aujourd’hui, cette augmentation s’inscrit dans une tendance globale où les salariés sont contraints de travailler plus, et plus longtemps, comme en témoigne l’élévation de l’âge de la retraite, l’offensive contre les trente-cinq heures en France, etc.