• Interviews,  Interviews,  Numéro spécial

    Travailler en temps de pandémie

    Les Mondes du Travail, n° 26, 220 p. – téléverser la revue (format pdf)

    GRAND ENTRETIEN / « La pandémie a montré que la qualité du travail doit redevenir un élément central du bien-être social » / entretien avec Jorge Cabrita (Eurofound)

    Présentation des photographies de Gaël Turine publiées dans l’ouvrage Traces

    DOSSIER – TRAVAILLER EN TEMPS DE PANDEMIE

    Coordination du dossier / Rachid Bouchareb, Nicola Cianferoni, Nathalie Frigul, Cyrine Gardes, Marc Loriol // Travailler à l’extérieur. Paroles d’« essentiel•le•s » / Cyrine Gardes // L’expérience liminaire du travail dans un supermarché / Minjie Cai, Scott Tindal, Safak Tartanoglu, Jay Velu // Des soignants pris en tenaille entre la  crise sanitaire et les réformes néolibérales de l’hôpital / Présentation par Marc Loriol, Séverin Muller, Stephen Bouquin  / Marie Potvain, infirmière et étudiante en anthropologie /  Véronique Soulas, pharmacienne hospitalière / Anita, Marco, Johnny,  Karima,  Christine et François, militants CGT à l’AP-HP // Des conditions d’enquête aux conditions d’emploi. Le travail de sociologue en temps de confinement  / Maëlezig Bigi, Hadrien Clouet, Mathilde Mondon-Navazo, Camille Noûs ///  Quand la pandémie déconfine la mobilisation des sans-papiers / Valeria Lucera, Pietro Tosi  // Le métier d’étudiant confiné / Vincent Cardon, Nathalie Frigul // Formes de valorisation du travail et « crashtest » du confinement / Jean-Pascal Higelé // Capitalisme pandémique, subsomption et espace numérique abstrait / Emiliana Armano, Marco Briziarelli 

    VARIA

    Santé et genre dans un métier mixte: l’énigme des facteurs / Paul Bouffartigue et Jacques Bouteiller

    CONTRECHAMP

    Travail et entreprise à l’heure de la distanciation physique / Mateo Alaluf

    NOTES DE LECTURE

    Jean-Bernard Gervais, Au royaume de la CGT, La résistible ascension de Philippe Martinez, Michalon, 2020, 285 p. / par Françoise Piotet // Julien Bernard, Claire Edey Gamassou, Arnaud Mias et Emmanuel Renault (s. dir), L’interdisciplinarité au travail. Du travail interdisciplinaire à la transformation du travail, Presses universitaires de Paris-Nanterre, 2020, 189p. / par Etienne Bourrel // Marc Lazar, Guillaume Plantin et Xavier Ragot, Le monde d’aujourd’hui. Les sciences sociales au temps de la Covid, Presses de Sciences Po, 2020, 386 p. / par Cyrine Gardes // Giulia Mensitieri, Le plus beau métier du monde. Dans les coulisses de l’industrie de la mode, La Découverte, 2018, 350 p. / par Meike Brodersen // Paul Bouffartigue et Jacques Bouteiller, Du facteur au livreur ? Dans les coulisses d’un service public en péril, Éditions du Croquant, 2020, 220 p. / Nicolas Jounin, Le Caché de La Poste. Enquête sur l’organisation du travail des facteurs, La Découverte; 2021, 370 p. / par David Gaborieau // Sarah T. Roberts, Derrière les écrans. Les nettoyeurs du Web à l’ombre des réseaux sociaux, La Découverte, 2020, 264 p. / par Juan Sebastiàn Carbonell // Mike Healy, Marx and Digital Machines: Alienation, Technology, Capitalism. Londres, University of Westminster Press, 2020, 172 p. / par Samuel Lamoureux // Leonty Soloweitschik, Un prolétariat méconnu. Étude sur la situation sociale et économique des ouvriers juifs, Édition établie par Nicolas Drouin et Michel Dreyfus. Préface par Michel Dreyfus, édition Arbre Bleu, Nancy, 207p. / par Salvo Leonardi //

  • Interviews,  Livres

    L’orario tornerà un tema sociale

    Area. Quindicinale di critica sociale et del lavoro. 6.12.2019

    Il sociologo Cianferoni analizza la scomparsa della discussione collettiva sulla durata della giornata lavorativa, che si è notevolmente allungata.

    Intervista condotta da Francesco Bonsaver

    Nicola Cianferoni, dal suo libro s’intuisce che le persone sottoposte a un’estensione del tempo di lavoro, la subiscono passivamente, considerandola persino come scelta personale.

    Definire scelte individuali delle situazioni imposte dal funzionamento collettivo della società, è uno dei risultati flagranti dell’inchiesta. La vera domanda è: perché? Intravvedo tre possibili risposte. La prima è legata all’impostazione della gestione del personale iniziata negli anni ’80, cioè da quando è stata completamente individualizzata la relazione lavorativa. Il dipendente è valutato singolarmente, gli si pongono degli obiettivi individuali da raggiungere, in base ai quali sarà poi misurata la sua performance. Eppure nella grande distribuzione il lavoro rimane fondamentalmente collettivo. Al centro dell’attenzione dell’azienda, vi è la cifra d’affari della filiale, ottenuta dal collettivo di lavoratori. In secondo luogo, l’impostazione ideologica dominante nella società è orientata nella narrazione che siano solo le scelte individuali a risultare determinanti, facendo totalmente astrazione del contesto sociale in cui l’individuo è inserito. Infine, la scomparsa del movimento operaio che consentiva all’individuo di sentirsi parte di una classe sociale, identificandola in condizioni di vita o di lavoro molto simili. L’attuale individualizzazione è estrema. Essa porta ad esempio il lavoratore a sentirsi in colpa quando è in malattia e i colleghi arrabbiarsi con l’assente, al posto d’interrogarsi sulla carenza di effettivi. Oppure, nel caso dei quadri intermedi, quest’ultimi ritengono sia una loro scelta quella di lavorare molte ore, privandosi del tempo per stare coi figli. Tuttavia, anche in questo caso, la riproduzione della divisione per genere dei ruoli familiari è spesso imposta dal sistema organizzativo del lavoro, il quale è di responsabilità collettiva, non individuale.

  • Interviews,  Livres

    Travailleurs compressés

    Cet entretien est paru dans le supplément Indices du quotidien L’Agefi le 4.11.2019.

    L’enquête de N. Cianferoni, basée sur 78 entretiens réalisés auprès de dirigeants, de travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et de secrétaires syndicaux, met en évidence une réorganisation du travail à tous les échelons et interroge la place de la journée de travail dans notre société.

    Propos recueillis par Alain Max Guénette.

    Pourquoi une enquête sur la grande distribution?

    La grande distribution est un secteur emblématique de la consommation de masse et, de ce fait, elle se situe au cœur des changements sociétaux depuis plus d’un demi-siècle. Après avoir connu son apogée dans la période fordiste d’après-guerre, elle adopte rapidement les préceptes de la production flexible développés dans l’industrie automobile. Chaque magasin représente un segment de la production qui, au même titre que les fournisseurs, se trouve relié à une chaîne invisible où chaque produit circule juste-à-temps, nécessitant une mobilisation permanente du personnel pour assurer que le flux ne soit jamais interrompu. L’application des méthodes productives industrielles permet d’augmenter la productivité et d’accélérer la vitesse de roulement des marchandises. Il n’en reste pas moins que la relation avec la clientèle joue un rôle structurant dans l’activité. C’est la raison pour laquelle la grande distribution est aussi emblématique du développement des services dans les économies développées. Ce qui distingue la grande distribution des industries traditionnelles est la coexistence de deux flux tendus: l’un des client·e·s, l’autre des marchandises. Les restructurations mettent en jeu les deux temporalités spécifiques à l’un et à l’autre.

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    Intervention en direct à la radio RTS La Première dans l’émission “On en parle”

    Des clients toujours plus exigeants: le quotidien des caissiers-ères

    Comment les clients se comportent-ils avec les employés aux caisses des supermarchés? Dans un domaine où les conditions se sont fortement durcies ces dernières années, la relation aux clients est l’un des facteurs de pénibilité du travail pour les employés de la grande distribution.

    C’est l’un des thèmes de la thèse de doctorat de Nicola Cianferoni, chercheur à l’Université de Genève et à l’Université de Neuchâtel. Il répond à Yves-Alain Cornu.

    RTS, La Première, “On en parle”, 21.10.2019, 12 min.

  • Interviews,  Livres

    Diminuer les heures, pas les salaires

    Sociologue suisse, Nicola Cianferoni publie un livre sur les conditions de travail dans la vente à la suite d’une enquête de terrain dans deux grandes entreprises

    Propos recueilli par Aline Andrey dans l’hebdomadaire L’Événement syndical le 9.10.2019

    Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale? C’est sous ce titre que Nicola Cianferoni, sociologue du travail, post-doctorant à l’Université de Genève et à celle de Neuchâtel, publie une étude issue d’une enquête de terrain menée de 2012 à 2013 dans le canton de Genève, dans neuf magasins de deux grandes entreprises du secteur. Il y décrit les conditions de travail des employés à différents échelons sur la base d’une septantaine d’entretiens.

    Le chercheur met en exergue trois phénomènes essentiels qui se renforcent depuis les années 1990. Premièrement, une intensification du travail, générée notamment par la polyvalence liée à la diminution progressive du nombre de salariés. Cette intensification entraîne une usure des corps, entre autres des troubles musculo-squelettiques, comme le problème du tunnel carpien spécifique aux caissières. Deuxièmement, une disponibilité temporelle de plus en plus large, conséquence d’une flexibilisation des horaires, des temps partiels contraints, des horaires irréguliers. Troisièmement, une déqualification liée à l’automatisation, notamment chez les bouchers. Ce processus pressurise les travailleurs qui ne sont ni mieux payés ni récompensés d’une réduction du temps de travail (sans perte de salaire). Au contraire, le chercheur observe une augmentation des heures, notamment pour les cadres. D’où l’interrogation de Nicola Cianferoni: la journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale?

  • Interviews,  Livres

    Intervention en direct à la radio RTS dans l’émission “Tribu”

    Travailler dans le domaine très compétitif de la grande distribution, quʹest-ce que ça signifie aujourdʹhui? Comme les caissières font-elles faces à lʹautomatisation de leur métier? Ont-elles encore lʹopportunité de prendre du temps avec les clients? Les explications de Nicola Cianferoni, sociologue du travail et auteur de lʹouvrage “Travailler dans la grande distribution” aux éditions Seismo.

    «La journée de travail va redevenir une question sociale, peut-être, parce que [pour les travailleuses et travailleurs] c’est de plus en plus dur. Ils doivent travailler de plus en plus d’heures et plus intensément.» (5 min)

    «Aujourd’hui la grande majorité des cliente·e·s sont des travailleuses et travailleurs. On revient donc au questionnement initial sur la journée de travail. Les travailleuses et travailleurs doivent non seulement être davantage disponibles sur les lieux de travail, les cadres avec des longues heures, les employés avec des horaires très flexibles. En effet, à cela s’ajoute encore le travail domestique, où les inégalités sont encore importantes, et de surcroît le temps nécessaire à la coproduction des services.» (20 min)

    RTS, La Première, “Tribu”, 19.9.2019, 25 min.

    “Tribu” est une émission sociétale de la Radio Télévision Suisse (RTS) – La Première. Au travers de ses invités, jour après jour, elle pose une pièce du puzzle de notre société jusqu’à laisser apparaître l’image finale du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. “Tribu” explore la société suisse, mais, plus largement, la société occidentale contemporaine et questionne cette dernière: quelles sont les raisons qui nous poussent à agir ou à réagir comme nous le faisons actuellement dans notre quotidien?

  • Interviews

    Les enjeux autour de la hausse du temps de travail dans la fonction publique genevoise

    Cet entretien paraît dans le journal Le Courrier du 10 novembre 2015 à propos du passage de quarante à quarante-deux heures de travail hebdomadaires pour les fonctionnaires, réclamé par le Conseil d’État du Canton de Genève. Ce même jour se déroule en effet une grève de la fonction publique genevoise contre cette mesure.

    Qu’implique pour vous l’augmentation du temps de travail préconisée?

    Nicola Cianferoni: Il s’agit d’une remise en question d’acquis sociaux. En effet, parvenir à ces quarante heures hebdomadaires a nécessité un chemin long et conflictuel qui remonte au XIXe siècle. Aujourd’hui, cette augmentation s’inscrit dans une tendance globale où les salariés sont contraints de travailler plus, et plus longtemps, comme en témoigne l’élévation de l’âge de la retraite, l’offensive contre les trente-cinq heures en France, etc.

  • Interviews

    Les méthodes du centre d’appels Avocis. «Dans ce travail, on est totalement à la merci de l’employeur».

    Interview paru dans la revue alencontre.org le 23 février 2015

    Par Nicola Cianferoni

    attachmentAvocis est une entreprise qui fournit des «prestations de services à la clientèle» (customer contact management services) avec 6500 salariés dans trois pays d’Europe: Allemagne, Suisse et Autriche. En 2014, le groupe a dégagé un profit de 29,8 millions d’euros avant intérêts et impôts (EBIT) contre 19,7 millions en 2013 (+34%). Le chiffre d’affaires est de 210 millions pour la même année contre 173 millions en 2013 (+18%). Le taux de rentabilité (EBIT) est passé de 11,4% en 2013 à 14,5% en 2014. Ces chiffres témoignent d’une «rentabilité du capital» très élevée. Cette rentabilité implique une gestion très sanglée de la force de travail.

    Avocis est connue depuis longtemps pour la dureté des conditions de travail. La télévision suisse alémanique SF1 avait déjà relevé que la brutalité des conditions de travail n’est pas seulement à l’avantage d’Avocis, mais aussi des entreprises qui, à l’instar de Swisscom, font appel à ses prestations. Annina Merk, sa porte-parole, se défend ainsi dans l’émission: «Swisscom est l’une des rares entreprises de la branche qui effectue l’ensemble de son service client en Suisse. Cela permet aux travailleurs de profiter du droit du travail suisse». [1] Le témoignage que nous avons recueilli auprès d’un travailleur d’Avocis basé à Lausanne, et que nous proposons ci-dessous sous forme anonyme, donne un aperçu très précis de ce que permet le droit du travail suisse: un salaire horaire de 22 CHF, une durée du travail variable entre 30 et 45 heures selon les besoins de l’entreprise, licenciements arbitraires, etc.

  • Interviews

    Genève. Grève à Gate Gourmet. Une lutte qui suscite une large solidarité à l’aéroport

    Cet entretien avec des grévistes, conduit par Nicola Cianferoni & Camilla Mina, a été publié dans la revue À l’encontre (31.10.2013)
    L’Aéroport international de Genève (AIG) est à nouveau le théâtre d’une grève. Après les salarié·e·s de Swissport, Dnata et ISS Aviation en 2010, c’est à ceux de Gate Gourmet, l’un des leaders mondiaux de la restauration pour les compagnies aériennes, de monter au créneau. Et pour cause. Dans le cadre d’un vaste plan de restructuration, l’entreprise souhaite imposer une dégradation des conditionsde travail de son personnel basé respectivement à Genève (Cointrin) et à Zurich (un hub lié à celui de Francfort). Ce plan prévoit une baisse de la masse salariale (diminution des salaires, intensification du travail, suppression d’emplois, etc.) et une concentration des activités dans des aéroports ciblés. Il s’agit ainsi de réduire les «coûts opérationnels» pour rester concurrentiel face aux autres entreprises au service des compagnies aériennes.
    A l’Aéroport de Zurich, le syndicat SSP-VPOD a renoncé de négocier et a accepté la Convention collective de travail (CCT) proposée par la direction. La situation est en revanche différente à l’Aéroport de Genève, où le syndicat SSP-VPOD et le personnel massivement syndiqué rejettent en bloc ce nouveau plan. Face à cette résistance, Gate Gourmet a donc choisi de résilier la CCT pour la fin de l’année 2013, entraînant l’introduction de nouveaux contrats individuels pour le personnel. En réaction, une vingtaine de salarié·e·s se sont mis·e·s en grève dès le 14 septembre 2013. Un mois et demi plus tard, le conflit se trouve dans une situation de blocage: les grévistes tiennent bon bien que six d’entre eux, entre-temps, ont été licenciés avec effet immédiat. Une récolte de fonds est actuellement en cours. Il est possible de faire une donation sur le compte PostFinance 12-18077-3 avec la mention «grève Gate Gourmet».
    Ce 31 octobre 2013, lors d’un rassemblement, en présence de salarié·e·s d’autres entreprises, s’est tenue une conférence de presse devant l’aérogare. Les grévistes ont remis une résolution à la direction de l’Aéroport de Genève, appuyée par une pétition signée par 2025 salarié·e·s travaillant sur la plateforme aéroportuaire. Cette pétition demande une meilleure protection des conditions de travail par le renforcement des CCT existantes et leur extension à toutes les branches.
    Trois grévistes, Dominique, Théo et une autre souhaitant rester anonyme, se sont rendus à l’Université de Genève le 25 octobre 2013, lors du 42e jour de grève, pour partager leur combat avec les étudiant·e·s. Nous avons saisi cette occasion pour nous entretenir avec eux.

    Présence des grévistes le soir des élections genevoises le 6 octobre 2013.
    Présence des grévistes le soir des élections genevoises le 6 octobre 2013.