• Interventions publiques

    La Poste: «Le sentiment d’impuissance génère des souffrances profondes»

    Interview paru en français, auf Deutsch e in italiano dans le journal Syndicom, n° 2, 20.2.2015

    1411425021La Poste Suisse connaît des changement colossaux depuis la libéralisation du secteur dans les années 1990. Le travail est l’objet d’une réorganisation permanente, avec les cadences et la productivité qui tendent à augmenter. Quel est l’impact sur les employés ? Comment La Poste prend en compte la santé des postiers ? Que fait-elle des malades et des accidentés ? Nous en avons discuté avec le sociologue Nicola Cianferoni. Propos recueilli par Yves Sancey.

  • Interventions publiques

    Interview donnée à l’émission “Burn-out: quand le travail nous brûle les ailes”

    6095291.imageLe burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, survient suite à une exposition à un stress chronique. Une enquête du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) signale qu’en Suisse le nombre de personnes souffrant de stress chronique est en constante augmentation.
    Vacarme, émission produite et diffusée par la Radio télévision suisse (RTS), a réalisée une série de cinq reportages intitulée: “Burn-out: quand le travail nous brûle les ailes”.
    Le quatrième porte sur le burn-out dans le secteur public en prenant comme exemple le cas de La Poste, entreprise où le travail a fortement évolué au cours des 20 dernières années en raison de la libéralisation du secteur.
    Nicola Cianferoni a étudié l’impact de ces modifications sur les employés du géant jaune avec la recherche “Quand la modernisation produit de la souffrance: le cas de la Poste suisse” effectuée en 2009. Il intervient dans l’émission pour expliquer en quoi elle est toujours d’actualité.
    Pour télécharger le fichier audio:
    Vacarme, 4.9.2014

  • Articles de revue

    Quand la modernisation produit de la souffrance. Le cas de La Poste suisse

    interrogations
    Article publié dans la revue ¿Interrogations?, n. 12, 2011/1, p. 79-96.

    Résumé

    La libéralisation du secteur postal initiée au début des années 1990 a amené La Poste suisse à décentraliser ses structures productives en réorganisant sa production, le but étant d’augmenter les cadences et de réduire les temps morts. Le facteur, sur lequel se concentrent ces mesures, ne parvient plus toujours à assurer la qualité de son travail qu’il associe à la relation avec les usagers, et redouble ses efforts pour pallier les défaillances de l’organisation du travail. Les souffrances qui en résultent sont aggravées par un conflit social latent qui ne trouve aucune expression collective et structurée. Ainsi, il convient d’interroger la possibilité de réduire ces souffrances par une réglementation accrue du secteur postal et la mise en place d’instances favorisant le développement de l’emprise des salariés sur leur travail.
    Mots clefs: Libéralisation, entreprise publique, restructuration, conditions de travail, conflit social

    Summury

    The liberalization of the postal sector initiated in the early 1990s led the Swiss Post to decentralize its structures by reorganizing its production. The aim was to increase the productivity and to reduce unproductive times. The postman, whose work is the main focus of these measures, is no longer able to ensure the quality of his work, which he associates to the relationship with users. In consequence, he redoubles his efforts to overcome the failures of the organization of work. This situation generates suffering that is exacerbated by a latent social conflict deprived of collective voice and structured expression. Thus, it should examine the possibility to reduce this suffering by an increased regulation of the postal sector and the development of employees’ control over their work.
    Keywords: Liberalization, public company, restructuring, working conditions, social conflict

  • Interviews

    Mattinata di studio dell’Associazione per la difesa del servizio pubblico (Canton Ticino)

    L’organizzazione del lavoro è dannosa per i salariati? Risultati di un’inchiesta alla Posta svizzera

    Nell’ambito di una tesi di master in socio-economia realizzata all’’Università di Ginevra, Nicola Cianferoni ha svolto un’inchiesta sulle cbndizioni di lavoro e la gestione delle assenze alla Posta svizzera, la quale sarà presentata il 23 gennaio 2010, in occasione della giornata di studio organizzata dall’Associazione per la difesa del servizio pubblico (ASP). La radiotelevisione della Svizzera italiana ha realizzato un servizio sul convegno ne Il Quotidiano (TSI, 23.02.2010). Il quindicinale Solidarietà ha invece colto l’occasione di porgli qualche domanda su un tema – la salute dei salariati – che fa sempre più discutere.
  • Travaux de recherche

    Mémoire de Master (Université de Genève)

    L’absentéisme, symptôme de la souffrance au travail ? Réorganisation du travail et santé des salariés à La Poste Suisse

    Télécharger ici l’étude en format pdf

    Les conditions de travail d’une ancienne régie fédérale et les politiques managériales de prévention et de promotion de la santé qu’elle met en œuvre constituent les deux thèmes principaux de ce mémoire. Nos analyses entendent formuler des éléments de réponse à deux questions. Premièrement, la modernisation de cette entreprise porte-t-elle atteinte à la santé des salariés ? Les services postaux connaissent des restructurations profondes depuis la fin des années 1980, c’est-à-dire depuis que les premiers jalons d’un marché postal à l’échelle européenne ont été posés. Dans cette évolution, la gestion du personnel et le rapport aux usagers de la plupart des entreprises de « service public » se sont rapprochées de ceux des entreprises privées. Deuxièmement, les programmes de prévention et de promotion de la santé constituent-ils un véritable appui pour les salariés ? Dans cette étude, nous nous intéressons tout particulièrement au système de gestion des absences « pro présence » développé par GloboSana, une entreprise spécialisée dans l’élaboration de concepts pour une gestion plus efficace de la santé. Ce dispositif permet d’appliquer la « détection précoce » fixé par la 5e révision de l’Assurance invalidité (AI). Il a été introduit à La Poste en 2006, mais aussi dans d’autres grandes entreprises suisses, comme les Chemins de fer fédéraux (CFF) ou la Migros.

    Les résultats de cette étude laissent entendre que atteintes à la santé augmentent lorsque les salariés se trouvent désarmés face à l’intensification du travail. C’est le cas, notamment, lorsque les facteurs perdent progressivement la maîtrise de leur travail, c’est-à-dire la connaissance intime de leurs  tournées, et ne parviennent plus à mobiliser leurs savoirs professionnels pour s’adapter aux nouvelles cadences. Ce constat concerne une partie non négligeable de salariés : ne pouvant ni avoir une véritable emprise sur les aspects centraux du travail, ni satisfaire convenablement « leur » propre clientèle, les sentiments d’impuissance éprouvés à l’égard de la réorganisation du travail prennent parfois le pas sur leur «pouvoir d’agir» et génèrent des souffrances profondes. La gestion individualisée du personnel tend à gommer les structures hiérarchiques à l’intérieur de l’entreprise, ce qui amène les salariés à considérer que leurs collègues sont à l’origine de leurs souffrances. Nous assistons ainsi à une « psychologisation des rapports sociaux ». L’érosion des collectifs de travail, le départ des salariés les plus anciens, la difficulté à maintenir un « genre professionnel » face aux réorganisations du travail et la difficulté à exprimer collectivement les conflits sociaux ne pourraient qu’aggraver ces phénomènes.
    La santé des salariés a commencé à faire l’objet d’une « gestion » rationnelle par La Poste à partir du moment où il s’agissait de réduire les coûts générés par les maladies et les accidents pour accroître la compétitivité de l’entreprise. Cette approche instrumentalise la santé dans un rapport coûts / bénéfices assimilant l’amélioration des conditions de travail à un moyen d’augmenter le taux de présence et non comme un but en soi. La méthode pro présence est considérée comme un appui seulement pour une minorité des salariés concernés, celle pouvant réintégrer un travail à l’abri de la pression du flux tendu. Cette méthode comporte des éléments discutables : les salariés dont l’état de santé est identifié comme fragile sont exposés à une gestion strictement utilitariste du personnel. Quant aux cercles de santé, ils ne semblent pas prendre suffisamment en considération les savoirs et les connaissances professionnelles des salariés.
    La mise en place d’une commission d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) pourrait accroître l’implication des salariés dans la prévention et la promotion de la santé, favorisant ainsi leurs stratégies d’adaptation à la réorganisation du travail. La Poste aurait également intérêt à mieux connaître les situations favorables ou défavorables à la santé. Une étude longitudinale, consistant à suivre un échantillon de facteurs pendant une longue période, permettrait de mesurer les conséquences des restructurations de l’entreprise en terme d’usure des corps. Les connaissances scientifiques élaborées par une équipe interdisciplinaire de spécialistes, chargée de mener des études mettant en valeur les connaissances et les savoirs professionnels de chaque salarié, seraient mises au profit si elles pouvaient aboutir à une meilleure formation des cadres et des salariés.