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Session plan: "Politicizing and Depoliticizing Work in the Contemporary Firm and Beyond"


Congress of the Swiss Sociological Association 2019
The Future of Work, 10-12 September 2019, University of Neuchâtel

Call for papers is available on this blog (22.2.2019).

Session 1: Wednesday 11.9.2019, 9 am – 10.30 pm
Dominique Andolfatto, François Alfandari, Sophie Béroud, Jean-Philippe Tonneau

Session 2: Wednesday 11.9.2019, 11 am – 12.30 am
Monaco Lorenza, Aris Martinelli, Mendonca & Newsome, Andy Hodder

Session 3: Thursday 12.9.2019, 9.30 am – 10.30 am
Ivan Saisaulieu, Ibrahim Soysüren, Ben Kacem, Loïc Mazenc, Rania Karchoud

Session 4: Thursday 12.9.2019, 11 am – 12.30 am
Stefan Heeb, Birgit Peuker, Mendonca & Kongiannou, Blandine Barlet

Session 1: Wednesday 11.9.2019, 9 am – 10.30 pm

Président: Nicola Cianferoni, Université de Genève (Suisse)

Syndicalisme français: un nouveau modèle?
Dominique Andolfatto, Université de Bourgogne Franche-Comté (France)

Le travail salarié s’articule de plus en plus autour de processus de production transnationaux. Ceux-ci se caractérisent par une dispersion géographique et une intégration fonctionnelle de la production, qui impliquent un approfondissement de la division du travail à l’échelle internationale. Les firmes transnationales actives dans les chaînes mondiales de valeur assument ainsi un rôle de plus en plus important dans la définition des conditions de travail et de l’emploi, ce qui implique aussi une déconnexion avec les acteurs traditionnels de la négociation collective qui restent pour l’essentiel basés à l’échelon national. De quelle manière l’internationalisation de la production transforme-t-elle les formes traditionnelles de l’action et de la représentation collectives? Quelle est la place pour la politisation du travail à l’échelon de l’entreprise lorsque la production s’internationalise?

Compte tenu des événements spectaculaires qui ont secoué la France à partir de novembre 2018, mettant en cause implicitement ou explicitement le syndicalisme, posant la question de sa relation avec ce mouvement et, spécifiquement, avec les travailleurs, ce projet de communication se propose d’interroger globalement la transformation du syndicalisme « à la française ». Il postule que la France a évolué d’un modèle d’action collective reposant sur les adhérents et les militants à un autre modèle fondé sur des élections professionnelles et dominé par des professionnels de la représentation dotés de solides ressources institutionnelles mais aux bases fragiles.

En 2008, une loi a pris acte de cette évolution et a affirmé “rénover la démocratie sociale” en fondant la légitimité des syndicats sur leurs résultats électoraux. En dépit de propos publics lénifiants, cette réforme est loin d’avoir produit les effets attendus comme le montrent plusieurs symptômes parmi lesquels : une participation électorale problématique, un taux de syndicalisation en recul et des organisations qui se réduisent souvent à des appareils. Ces caractéristiques pourraient expliquer pourquoi les syndicats ont paru hors du coup lors des événements de l’hiver 2018-2019.

A travers cette communication, il s’agit donc d’analyser comment a évolué le syndicalisme français depuis le début des années 2000, en lien avec une série de réformes qui ont refondé les règles de représentativité syndicale, modifié les règles de conclusion des accords collectifs, favorisé la décentralisation de la négociation collective, introduit un financement du syndicalisme fondé sur l’impôt et des aides publiques. Il s’agit donc d’appréhender ce qui serait un nouveau « modèle syndical » et de mesurer, aussi précisément que possible, son impact dans les entreprises et, plus largement, dans la vie sociale.

Un syndicalisme “politique” est-il encore possible?
François Alfandari, LEST, UMR 7313, Aix-en-Provence (France)

Comment et à quelles conditions des militants syndicalistes peuvent-ils penser leur engagement comme « politique » ? Que signifie qualifier l’action syndicale de « politique » et quelles implications cela peut-il avoir ? Nous voudrions dans cette communication participer à la réflexion entreprise sur le rapport au politique du syndicalisme (Mouriaux, 1985 ; Renou, 2010 ; Yon, 2008) à partir de l’examen du travail syndical d’un syndicat CGT d’un hôpital psychiatrique public en France. En se détachant du rapport au seul champ partisan, nous souhaiterions interroger les processus de qualification (Lagroye, 2003) des activités militantes entreprises par les militants de ce syndicat. Au travers d’un travail d’étiquetage (Becker, 1985) d’autres acteurs protestataires (syndicaux, politiques ou du mouvement social) et de causes militantes, ces syndicalistes participent à définir les frontières pertinentes de l’univers de l’action syndicale. Ainsi, au-delà des relations professionnelles face à la direction, les enquêtés octroient à l’action syndicale un rôle dans les mouvements sociaux et dans la sphère interprofessionnelle. Le local syndical constitue un espace de rencontres de différents réseaux d’acteurs protestataires qui partagent un ensemble de pratiques et de représentations de la mobilisation collective. Au fond, les militants de la CGT conçoivent leur engagement comme devant participer à fournir un sens « politique » du monde social.

Pour renseigner comment le syndicalisme établit une frontière avec la sphère politique (Arnaud, Guionnet, 2005), nous nous appuierons sur une enquête de type ethnographique (Beaud, Weber, 2010 [1997]) menée entre 2013 et 2016. En combinant l’observation des interactions syndicales avec des entretiens avec les militants, nous entendons saisir les conditions de possibilité et les logiques d’un militantisme syndical qui se définit comme « politique ».

Les syndicats français débordés par la politique?
Sophie Béroud, Université Lyon 2 – Laboratoire Triangle (France)

Les organisations syndicales françaises demeurent des actrices centrales de la contestation sociale comme en atteste régulièrement leur capacité à construire de grands mouvements interprofessionnels d’opposition aux réformes d’inspiration néo-libérales, qu’il s’agisse par exemple du système de retraite (2010) ou de la législation du travail (2016). Pour autant, lors des dernières années, elles ont d’une certaine façon été débordées par des mobilisations qui impliquent des travailleurs, précaires et stables, mais qui se déroulent hors des entreprises, à l’exemple de Nuit Debout lors du printemps 2016 et des gilets jaunes en 2018-19, et qui questionnent l’efficacité du répertoire d’action syndical en proposant d’autres modalités de lutte (occupations de places, de ronds-points, etc.) Ces mobilisations, en raison de leur composition sociale et des thématiques qu’elles mettent en avant, questionnent les limites du syndicalisme : dans ses implantations, sa capacité à organiser les salariés des petites et moyennes entreprises, les travailleurs précaires en partie relégués hors du salariat, mais aussi dans ses ambitions pour contester la légitimité du système économique et politique. Ainsi, une partie des acteurs impliqués dans ces nouvelles formes de mobilisation interpellent les militants syndicaux sur le rôle de leurs organisations dans le « dialogue social » institutionnalisé avec les représentants employeurs et l’Etat et sur les limites qu’ils conçoivent pour l’action syndicale (respect du calendrier parlementaire, de la légalité, etc.) En nous appuyant sur une réflexion menée depuis plusieurs années sur les dynamiques de dépolitisation du champ syndical en France et sur une campagne d’entretiens menée auprès de militants syndicaux de la CGT et de Solidaires, tant au niveau national que local, par rapport au mouvement des Gilets jaunes, nous nous proposons d’analyser les logiques d’action et les représentations qui traversent l’univers syndical et contribuent à éclairer les tensions qui s’y font jour sur l’enjeu de politisation des luttes.

Le droit comme vecteur de la repolitisation du travail? L’exemple des contestations judiciaires et juridiques, en France, lors de restructurations d’entreprises (1970-2000)
Jean-Philippe Tonneau, CENS – UMR 6025 Université de Nantes (France)

La communication s’intéresse à la mobilisation du droit et au recours à un avocat par les comités d’entreprises et les organisations syndicales afin de contester la restructuration de leurs entreprises envisagée par leurs directions. Elle s’appuie sur le dépouillement exhaustif des archives professionnelles de l’avocat Tiennot Grumbach – couvrant la période 1974-2010 – qui ne représentait que les organisations syndicales, les comités d’entreprises et les salariés. 

La consultation exhaustive des archives impose un constat : le recours au droit et à la justice semble vain, tout semble joué d’avance. Pourquoi, dès lors, mobiliser le droit et la justice ? Les recours au droit et à la justice trahissent-ils d’autres enjeux et quels sont leurs effets ?

Notre communication s’articule en trois temps. D’abord, l’avocat T. Grumbach sont présentés. Ensuite, le recours au droit par les élus est analysé autour de deux questions principales : dans quel cadre les comités et les organisations syndicales mobilisent-ils le droit ; le droit est-il le seul mode d’action utilisé pour contester la restructuration d’une entreprise ou s’articule-t-il à d’autres modes d’action ? Enfin, les effets de la mobilisation du droit sont appréhendés. Si l’utilisation du droit permet, notamment, de gagner du temps, de peser dans les négociations avec la direction, d’encadrer, pour les organisations syndicales, la mobilisation des salariés, elle permet aussi de (re)considérer les travailleurs comme des citoyens à part entière. Le recours à T. Grumbach n’a, ici, rien d’anodin. L’avocat est, en effet, partisan d’une régulation juridique du travail et de l’économie, et il défend avant tout la cause du droit. Le recours au droit, lors de la contestation même des restructurations, permet une repolitisation des questions liées au travail et à l’entreprise et, plus généralement, du monde du travail.

Session 2: Wednesday 11.9.2019, 11 am – 12.30 am

Chair: Jean-Michel Bonvin (University of Geneva)

Re-Politicising Labour In The Global Auto Industry: The Centrality Of Casual Work In The Indian NCR
Monaco Lorenza, Senior Lecturer, College of Business and Economics, University of Johannesburg (South Africa)

Within the Indian automobile industry, the increasing de-politicisation of the workforce has been caused by, and imposed through, the widespread obstruction to union activities and the large-scale employment of casual labour. Greenfield strategies have been adopted to escape existing labour organisations and to prevent the formation of new unions, whose registration has become more and more complicated. The indiscriminate use of casual (contract, temporary, apprentices) workers has been evidently deployed not only to lower costs, but to fragment labour, put in a position of extreme subordination and vulnerability. However, the same factors that played against labour organising have also represented the material conditions for the emergence of new forms of class consciousness, and new levels of mobilisation. In particular, a new wave of labour unrest has occurred exactly as opposition to extreme casualisation, seeing contract and precarious workers on the forefront of frequent protests. This work builds on long-term research (2009-2019) conducted in the Indian National Capital Region (Delhi industrial area), and tells the story of an intense cycle of labour struggles triggered by the unprecedented Maruti strike (2011-12), and still ongoing. Ultimately, it highlights how the very existence of a labour regime built on high levels of casualisation has worked in two opposite directions: it has been instrumental to de-politicise labour, but has also favoured its re-politicisation.

What kind of politization of work in a “Global value chains” world? A case study on cross-border workers in the Swiss machinery industry
Aris Martinelli, University of Geneva (Switzerland)

Global Value Chains (GVCs) as the spatial dispersion of the production process is one of the major phenomena of the contemporary economy. The production of a good or service from the design phase, through manufacturing, sales, and after-sales services is no longer limited to a country or region, but take place in the whole world. In this context, the fragmentation of the workforce in different countries and through different status challenge the ability of workers to organize themselves in collective bargaining. This is particularly true for an important part of workers in the sectors, which are highly integrated into GVCs such as the cross-border workers in the Swiss machinery industry. This category of workers is employed particularly in Swiss regions of frontiers. At the same time, it can be considered as a “vulnerable” workforce because it is historically subject to a social stigma due to several factors (immigration policy, the influence of the far-right parties, trade unions strategies, etc.). Thus, how it is possible for this category of workers to improve their working conditions in a GVC perspective? What are trade unions strategies to organize cross-border workers (and all workers) within GVCs? In order to address these issues, I will focus on two working conflicts emerged in two firms against the GVCs restructuring in which cross-border workers played a central role. This case study shows that in spite of the social stigma they faced, the solidarity between cross-borders and residential workers emerged during the conflict. However, cleavages and tensions reappeared once the conflicts ended. This questions the limits and opportunities for the politization of work for workers in GVCs. The analysis is based on semi-structured interviews with management, workers and trade unionists in three GVCs of the Swiss machinery industry. It has to be considered as a contribution for the new research field on the “contested GVCs governance”.

The role of supply chain pressures in shaping working conditions: a case in the Scottish Spirits Industry
Pedro Mendonca, Nottingham Trent University (United Kingdom)
Kirsty Newsome, Sheffield University (United Kingdom)
Dora Scholarios, Strathclyde University (United Kingdom)

In response to recent calls to broaden the analysis of factors influencing working conditions (Lloyd and Payne, 2016; Grimshaw and Lehndorff, 2010), the present study examines the processes through which working conditions is shaped in the context of supply chains. There is a growing acknowledgement that the decisions and strategies of one organisation can influence outcomes at the workplaces of other organisations in its supply chain (Buchanan et al., 2006; Wright and Kaine, 2015). For instance, research investigating retail supply chains, which are highly competitive and cost-driven, has demonstrated that suppliers become vulnerable to pressures by retailers to comply with specific supply chain requirements. As a result, management practices and labour processes are adjusted to keep unintended costs down and disruptions to a minimum (Newsome et al., 2013; Raworth and Kidder, 2009; Wright and Lund, 2006). This study is particularly concerned with the ways in which supply chain dynamics affect and shape job security, working time, and skills in a way that is conducive of supply chain requirements.

Using qualitative data gathered in three workplaces involved in the same production network, the findings demonstrate the processes through which the three different dimensions of working conditions are affected by supply chain pressures. On the one hand, the pressure for cost efficiency had pushed suppliers to adopt increasingly flexible working practices, such as numerical and temporal flexibility. Consequently, workers were experiencing lower levels of job security, as well as heightened pressure to accept nonstandard working hours, unexpected calls for overtime, and shift extensions. On the other hand, the drive towards reliability and predictability of quality and quantity within the supply chain, resulted in the continuous implementation of technology, which affected workers’ skills and task discretion.

Repolitizing unions for the future: engaging young workers
Andy Hodder, University of Birmingham (United Kingdom)

Union membership has been in decline for some time and the level of unionization among young people in particular is a concern for unions worldwide (Hodder and Kretsos, 2015). However, a recent review of institutional experimentation to strengthen employment protections acknowledges the continued role that unions can play in the repolitization of work (Wright et al, 2019). This suggests an opportunity for unions to be a vehicle for repolitizing the younger generation and revitalizing the union movement. However, two problems exist. First, much of the discussion of union renewal is undertaken without consideration of union purpose and identity. Second, most young people are not anti-union, but rather do not know what unions do. Hyman (1994: 108) noted that union purpose and identity has altered in light of union decline, which has ‘put in doubt inherited conceptions of the character and purpose of unions as collective organizations’. This has in turn led to a depolitization of work and unions due to a fragmentation of union identity. In response to this, Hodder and Edwards (2015) suggest a need to reconsider union renewal in the context of identity, focusing specifically on the market/class axis.  This paper argues that for a repolitization of unions to take place, unions must reflect on their strategies for renewal and ‘go back to basics’ (Dufour-Poirier and Laroche, 2015: 430) in order to explain their identity and purpose to the younger generation. In doing so, the paper calls for the literature on youth unionization to engage more critically with the debate on union identity and purpose, arguing that a repolitization of work is possible through unions rethinking their strategies to reflect their identity and purpose.

Session 3: Thursday 12.9.2019, 9.30 am – 10.30 am

Président: Aris Martinelli (Université de Genève)

«Ethos professionnel et internationalisation de l’économie»
Ivan Sainsaulieu, Université de Lille (France)

On interroge le type de processus de politisation au travail indépendamment de l’appartenance à une organisation (politique, associative ou syndicale) et de tout mouvement social. Il existe un ethos professionnel reposant non seulement sur la période de formation professionnelle mais aussi sur un type de pratique filtrant le regard sur le monde social et politique.

L’internationalisation de l’économie introduit un clivage particulier dans les représentations des trois groupes professionnels étudiés, en lien avec des pratiques significatives de leur activité. Les éleveurs fribourgeois apparaissent ainsi divisés dans le maintien du productivisme ou l’adoption (minoritaire) de pratiques « bio ». Les DRH apparaissent clivés face aux pratiques de restructuration des entreprises (qu’ils accompagnent socialement), ne les vivant pas affectivement de la même manière selon leur origine sociale. Enfin, les ingénieurs partagent un ethos professionnel mais le passage au rôle de manager clive leurs représentations sociales et politiques, parallèlement à leur trajectoire matrimoniale.

Ainsi, l’internationalisation de l’économie ravive un clivage droite gauche au sein de divers groupes en faisant jouer des ressorts professionnels variés (sociabilité locale, origine sociale, carrière professionnelle et matrimoniale).

Le répertoire d’action aux sources de la politisation. Une étude de cas sur la mobilisation des travailleurs de la compagnie publique de tabac en Turquie (2009-2010)
Ibrahim Soysüren, Université de Neuchâtel (Suisse)

La privatisation massive a été à l’origine de nombreuses mobilisations en Turquie. Cette communication se focalise sur celle des travailleurs de la compagnie publique de tabac, appelée TEKEL, privatisée en plusieurs étapes. Selon le gouvernement, cette privatisation n’aurait pas dû mettre en danger les emplois. Pourtant, plusieurs milliers de travailleurs risquaient de perdre leur travail. Comme solution, le gouvernement a prévu de les réengager dans le secteur public. Pourtant, il aurait précarisé leur statut, aurait réduit leur salaire ainsi que leur future retraite.

Les syndicats semblaient accepter cette solution. Malgré cela, les travailleurs de la TEKEL ont déclenché une occupation de l’espace public au centre d’Ankara dès le 15 décembre 2009. Ce lieu a attiré plusieurs milliers de personnes et de nombreuses organisations qui voulaient soutenir les travailleurs. Ce soutien massif a forcé leur syndicat à organiser plusieurs manifestations, y compris une grève générale. Malgré les menaces du gouvernement, ils ont partiellement obtenu gain de cause après 77 jours.

Pour étudier cette mobilisation, je me baserai sur de nombreux documents produits par des travailleurs eux-mêmes, leurs syndicats ainsi que la littérature des sciences sociales. Tout d’abord, j’expliquerai les raisons qui ont déclenché ce mouvement inédit. Ensuite, je présenterai brièvement ses différentes étapes et son répertoire d’actions varié (Tilly, 2008). Je montrerai également la politisation que ce mouvement a déclenchée chez les travailleurs et au-delà afin de fournir des éléments de réponse à la question suivante : comment le refus de la précarisation a pu se transformer en dénonciation du parti au pouvoir et ses politiques néo-libérales. Ce faisant, je mettrai en évidence les liens entre la politisation des travailleurs de TEKEL et le répertoire d’actions qu’ils ont mobilisé. Je terminerai mon propos en mettant en évidence les impacts de cette mobilisation pour d’autres mouvements sociaux en Turquie.

Des travailleurs en marge de l’emploi et face à la dépolitisation de la relation de travail. Le cas des centres d’appels offshores.
Montaha Ben Kacem, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis (Tunisie)

Le souci des donneurs d’ordre et des outsourceurs d’augmenter leurs profits et d’accroître leur flexibilité a incité la majorité des entreprises à externaliser leur relation-client et la confier à des spécialistes pointus : des prestataires de service. Souvent, ce type d’activité est externalisé vers des pays à bas salaires comme la Tunisie. Dans ce pays, les centres d’appels est considéré comme premier employeur privé du pays. Cependant, quant le donneur d’ordre en France ou en Italie impose ses propres lois sur le prestataire de service en Tunisie, ce dernier commence à mettre la pression et augmente la cadence de travail de ses employés afin de fidéliser et satisfaire son client sans se soucier des droits salariaux ou des normes de sécurité. Le contrôle et la prise de décision se décentralisent et le prestataire de service devient à la marge de cette relation économique.
Dans une telle organisation hybride de travail, l’emploi n’est pas un choix librement consenti ou une fin en soi, il est vécu et subi comme une contrainte. C’est là que réside la problématique du travail dans ce secteur, où il existe un malaise réel exprimé constamment par les employés : absentéisme, turnover, grève, stress, jusqu’à des cas de suicide. Au travail ou en dehors de leur travail, ils sont en marge de l’emploi et vivent aussi en marge de la société. Nous s’interrogeons dans cette communication sur les formes des marges du travail et de l’emploi qui ne cessent de se développer dans ce secteur suite à l’internationalisation de système de production. Nous cherchons aussi à monter ce que provoque la division internationale du travail en termes de reconfigurations productives, salariales et organisationnelles. Cette contribution se base sur les résultats d’une enquête exploratoire qui a couvert 4 centres d’appels implantés au sahel de la Tunisie.

Une sociologie interactionniste des groupes professionnels. L’enquête par immersion dans des firmes de production agricoles
Loïc Mazenc, Institut National Polytechnique de Toulouse (France)

Adossée à des monographies de grandes entreprises de production agricoles françaises réalisées entre 2016 et 2019 dans les secteurs des fruits et légumes, cette communication cherche à situer la question méthodologique au centre des réflexions sur la sociologie interactionniste des groupes professionnels. Alors que les questionnements théoriques (interactionnisme vs fonctionnalisme, définition des principaux concepts, caractérisation de ce qu’est ou n’est pas une profession…) sont souvent débattus dans la littérature, la ou les manières de rendre compte des phénomènes composant les groupes professionnels le sont beaucoup moins.
A l’aide d’une interprétation du processus de problématisation de nos travaux, deux discussions seront ici privilégiées. Premièrement, nous mettrons en évidence le caractère heuristique de l’approche interactionniste de la sociologie des groupes professionnels (Abbott, 1988; Becker, 1985; Demazière and Gadéa, 2009) dans la compréhension du processus de différenciation d’un groupe professionnel, celui des chefs de cultures, en proie à des formes de concurrence concernant leur expertise agronomique. Deuxièmement, nous soulignerons le besoin de recourir à l’immersion (que nous différencions d’une observation ethnographique « classique »), en développant l’idée qu’on ne peut comprendre le poids des autres groupes professionnels sur celui qui nous intéresse sans étudier empiriquement l’éventail des situations de travail et les pénétrer en profondeur, en démêlant les contours d’un type d’entreprise pour lequel nous ne disposons que de très peu d’informations.

Les acteurs de la communication politique: vers la professionnalisation?
Rania Karchoud Ayed, Université Paris II (France)

La professionnalisation de la communication politique demeure une question vive pour les pays qui sont en phase de démocratisation, comme c’est le cas pour mon pays, la Tunisie. Depuis le 14 janvier 2011, le pays a connu des changements aussi bien au niveau politique que médiatique.

Ces changements qui ont affecté le champ de la communication politique, nous ont amené à nous interroger sur la composition et les spécificités  du groupe des communicants politiques Tunisiens. Existe-t-il un champ de la communication politique en Tunisie? Pourrions-nous parler de mission, d’activité, de métier ou de profession de la communication politique? Comment ce groupe est-il en train de se professionnaliser? Y-a-t-il une conscience partagée et une volonté commune chez les communicants des partis politiques pour se distinguer et créer leur propre identité ? Quels sont les profils sociodémographiques des chargés de communication des partis politiques tunisiens? En fonction de quoi ont-ils été choisis par leurs partis politiques pour s’acquitter de la communication? Pour leur profil académique, leur expérience dans le domaine, leur personnalité, leur allégeance partisane ou autre? Dans quelle mesure leurs profils correspondraient à un idéal type du communicant politique?

Notre proposition se base sur des entretiens semi-directifs élaborés, en 2016, auprès des chargés de communication des cinq premiers partis politiques dans les élections de 2014 et qui nous ont permis de dégager quelques résultats préliminaires, parmi lesquels: 1. L’activité de la communication politique en Tunisie est une activité floue qui est encore en phase d’amateurisme. 2. La professionnalisation de la communication politique en Tunisie fait face à des problèmes qui empêchent son avancement, comme la conscience interne dans le groupe des communicants qui n’ont pas une motivation partagée pour former un groupe professionnel unifié.

Session 4: Thursday 12.9.2019, 11 am – 12.30 am

Chair: Ibrahim Soysüren (University of Neuchâtel)

Logics Of Liberalization Under Coordinated Capitalism: Japan’s, France’s And Germany’s Trajectories Compared
Stefan Heeb, University of Geneva (Switzerland)

Since the neoliberal policy turn, reform measures intended to release market mechanisms – “liberalization” – have been a signature phenomenon of our time. While liberalization is often mentioned alongside deregulation, welfare retrenchment, privatisation, workfare logics and increased managerial discretion, it is not quite clear how exactly these policies are theoretically and empirically related.

In this paper, I analyze and compare the respective trajectories of liberalizing policy-making in France, Germany and Japan between 1973 and 2013. Drawing mainly on the newly constructed database Liberalization – A Database (Armingeon, Baccaro et al., forthcoming), which assembles liberalizing as well as deliberalizing structural policy discontinuities across a dozen policy areas, I develop and apply the analytic perspectives directionality, between-field variation and the “logics of liberalization”.

I show with regards to directionality that liberalization has been a bi-directional rather than a unidirectional process in all countries and lay out the specificities of each case.

Regarding between-field variation, I distinguish the productive system (finance, product markets, etc.) and the livelihood security system (pensions, health care, employment protection legislation etc.) and show that France has a profile of majoritarily deliberalizing policy-making in both areas over time, while Germany presents the opposite profile of majoritarily liberalizing policy-making in both spheres. In contrast, Japan’s policy-making profile is majoritarily liberalizing in the productive system and mostly deliberalizing in the livelihood security system. Finally, based on inductive coding of policy measures, I trace the actual underlying logic of various types of “liberalizing” policies (what I call the “logics of liberalization”) and show their relative importance in each case over time.

Social and environmental values and objectives in social enterprises and civil society organizations
Birgit Peuker, Institut für Sozialinnovation e.V. (ISInova), Berlin (Germany)

Almost every activity can be based on social and environmental values and objectives. This contribution aims to discuss the boundaries of employment and civil engagement in the context of „activity society“ respectively „stakeholder society“(see for an example BMFSFJ 2017: 226ff.). The presentation follows these discussions with respect to social and environmental values and objectives.

Based on findings from qualitative interviews with social enterprises and civil society organizations boundary work and boundary objects are analyzed (Star/Griesemer 1989). Boundary work differentiates between activities such as employment and engagement according to their characteristics (such as degree of professionalization, accountability, purpose of an activity) or regarding the boundary objects (for example job descriptions).

The aim of the contribution is to highlight the ambivalences of boundary work. On the one hand this can complicate organizational procedures and at the same time it keeps organizations adaptable., On the other hand, boundary work can raise awareness and mutual recognition of activities.

Collectivisation and mobilization amongst dependent self-employed delivery workers in the UK
Pedro Mendonca, Nottingham Trent University (United Kingdom)
Nadia Kougiannou, Nottingham Trent University (United Kingdom)

De-collectivisation of the workforce in Europe and the US, through declining trends of trade union density and influence, has been a notorious trend in the past decades and a source of concern for academics and policy-makers (Bamber et al., 2016; ETUI, 2016). Within this ongoing process of de-collectivisation, companies in platform gig-economy are undeniably looking for an increasingly individualised employment relationship, based on precarious employment, minimal contact with the employer, as well as heavily mediated through technology and algorithms. A relationship that is almost virtual, poses new challenges for workers’ capacity to exercise collective agency and bargain for better working conditions. Research has provided insights into the quality of work in these types of jobs (Huws, 2016; Wobbe, et al., 2016, Wood et al., 2018). However, there are significant shortfalls in the literature on how these workers exercise their collective agency. This study examines the processes through which deliveroo riders mobilise collectively. In doing so, this article explores the ways in which work and employment practices promoted by deliveroo constrain traditional collective forms of worker agency; as well as the ways in which workers find new bargaining and action strategies to promote better quality work. This study is theoretically framed around Kelly’s (1998) mobilization theory, who claims that companies occupy regulatory spaces within the workplace because of the withdrawal of state intervention.

This study presents qualitative data gathered through the course of 2017 and 2018. The data was gathered by following the setting up of a formal group of deliveroo riders, their industrial actions, their branch and leadership meetings, as well as individual semi-structured interviews. In doing so, it presents participants’ perceptions on how the employer constrains their collective agency and how they react and act in order to defend their interests.

A risky form of employment: how to counter the negative effects of temporary work on workers’ health and security?
Blandine Barlet, Université Paris Dauphine (France)

Temporary workers make up an heterogeneous population that does not have a strong sense of collective organization. The fragmentation of this workforce is an obstacle to collective action in the workplace, so much so that casualisation is often thought the be one of the main reasons for the decline of unionization (Bouffartigue, 2008).  However, the proportion of temporary workers in some fields (namely construction work and logistics) have progressively brought up certain forms of mobilization that  target both the actual workplaces (the user companies) and the employment status and working conditions that it entails.

A collective research on «Precarious Employment and Working Conditions» (launched in february 2019 at Paris Dauphine University) currently investigates the way temporary workers are put at risks in their various jobs. We also investigate the way institutional actors organize to counter the negative effects of this precarious form of employment on occupational hazards and diseases. A common feature arises : in the user companies, the jobs that are most exposed to occupational hazards are consistantly «held» for them. Furthermore, the French prevention system, based on occupational medicine, is altogether unsuitable for temporary work. However, the study sheds light on collective strategies that aim at increasing the protection level of the health and safety of temporary workers.

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