Le CESCAP est un centre de recherche, d’analyse et d’évaluation des politiques sociales, d’intégration et sanitaires. Il regroupe des professeurs-e-s et chercheur-e-sde l’Université de Genève et de la Haute école de travail social et de la santé | EESP | Lausanne, expérimenté-e-s dans la recherche fondamentale et appliquée, de même que dans l’évaluation des politiques publiques.
En s’intéressant à la fois au niveau des prises de décisions politiques, aux institutions et aux usagers-ères et à l’interaction entre ces niveaux, il met un accent particulier sur les capabilités des usagers et usagères.
Les capabilités désignent la liberté réelle des acteurs et actrices, dans différents contexte et en interaction avec l’environnement institutionnel, de définir eux-mêmes les orientations et choix de vie qu’ils ou elles ont des raisons de valoriser.
Le CESCAP veut réunir des compétences capables d’assurer une production de savoirs pour améliorer la transparence, la qualité et le fonctionnement du système de protection sociale.
Après 4 années d’existence au sein de la Haute école de travail social et de la santé | EESP | Lausanne, le CESCAP (Centre d’étude des capabilités dans les services sociaux et sanitaires) va désormais être accueilli à l’Université de Genève.
Pour marquer cette événement, Le CESCAP, ses membres et ses activités se retrouvent dans une brochure intitulée: CESCAP – Evaluer les politiques publiques autrement.
-
-
Travail social et capabilités
Demi-journée de conférences du CESCAP
Jeudi 22 janvier 2015 à la Haute école de travail social et de la santé | EESP de Lausanne
Le Centre d’études des capabilités dans les services sociaux et sanitaires (CESCAP) vous invite à une demi-journée de conférences et discussions sur le thème :
Travail social et capabilités : bilan et perspectives d’une expérience au carrefour de la recherche et des politiques sociales
le jeudi 22 janvier de 14 à 17:30 à la Haute école de travail social et de la santé | EESP | Lausanne, auditoire A321-322
À l’occasion du transfert du CESCAP et du départ du Professeur Jean-Michel Bonvin vers l’Université de Genève, vous êtes invité-e à une après-midi de réflexion (bilan – perspectives) qui reviendra sur les principaux résultats d’études menées à la HETS&Sa | EESP, appliquant l’approche par les capabilités aux différents terrains du social.
// PROGRAMME
Repenser le travail social à l’aune des capabilités / Jean-Michel Bonvin// PREMIÈRE PARTIE : FORMATION, JEUNESSE ET CAPABILITÉSLa participation, un objectif pour toutes et tous? / Benoît BeuretL’accès à la formation professionnelle: une question de justice / Stephan Dahmen
Être jeune et migrant-e à l’aide sociale / Karine Clerc// DEUXIÈME PARTIE : TRAVAIL, INSERTION ET CAPABILITÉSSécuriser l’entreprise, desécuriser l’emploi? / Aris MartinelliLes banquiers travaillent-ils trop? / Nicola Cianferoni
Concevoir l’avenir quand on est à l’AI / Emilie Rosenstein// CONCLUSIONBilan et perspectives / Jean-Michel Bonvin & Emilie Rosenstein
Mot de clôture / Paola Richard-De Paolis, Directrice de la HETS&Sa | EESP -
Interview donné à Migros-Magazine: «Le coût du surmenage reste difficile à calculer»
Cet entretien est paru dans Migros-Magazine n. 44 du 27 octobre 2014
Tania Araman: Plus d’un million de travailleurs suisses souffrent d’épuisement au travail. Ce chiffre vous surprend-il?
Nicola Cianferoni: Non. Le stress a augmenté dans la plupart des pays industrialisés au cours des vingt dernières années. Il y a plusieurs explications à cela. Le management en est une, avec un ensemble de facteurs. Par exemple, les entretiens d’évaluation individuels, qui sont relativement récents, exercent une pression accrue sur le travailleur.
Stress, burn-out, épuisement sont des termes qu’on n’entendait guère il y a une cinquantaine d’années. Le monde du travail est-il vraiment devenu plus exigeant?
Les atteintes à la santé des travailleurs sont documentées depuis la première révolution industrielle. L’épuisement était alors associé aux cadences imposées par les machines, à la répétitivité des gestes ainsi qu’à la durée du temps de travail. Ces facteurs de risque ont évolué sans pour autant disparaître. On retrouve notamment la répétitivité dans plusieurs métiers. Et dans un centre d’appel par exemple, la cadence est imposée par les clients au bout du fil. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que le management exige une implication plus importante dans le travail, dans un contexte où l’on est toujours davantage en compétition avec les autres.
Le surmenage coûte cher aux entreprises. Ne serait-il donc pas dans leur intérêt d’améliorer les conditions de travail?
Le coût du surmenage reste difficile à calculer. Dans l’enquête Job Stress Index 2014, la productivité est estimée sur la base d’une évaluation subjective qui varie d’un travailleur à un autre. De plus, il faudrait tenir compte des formations sur la «gestion du stress», qui coûtent très cher aux entreprises. Leur efficacité reste à prouver, car elles n’interviennent pas sur la racine du problème.
Quelle serait dès lors la racine du problème?
La question de fond est de savoir quelle maîtrise les salariés exercent sur leur travail et, par conséquent, sur la manière dont celui-ci est organisé. Cette maîtrise dépend en large mesure du poids dont disposent les collectifs de travail et les organisations syndicales dans la négociation des conditions de travail, par exemple pour obtenir l’engagement de personnel dans une équipe en sous-effectifs.
-
L’entreprise contemporaine en mutation: quel impact sur la motivation et le bien-être des travailleurs?
Journée de conférences du CESCAP
Jeudi 27 novembre 2014 à la Haute école de travail social et de la santé | EESP de Lausanne
Le monde du travail contemporain est en pleine mutation. Les entreprises connaissent des restructurations importantes de leur appareil de production, qui induisent le plus souvent une pression accrue à la performance et à la productivité. Les salarié-e-s sont ainsi amené-e-s à travailler de manière plus flexible et à s’impliquer de plus en plus pour répondre aux exigences de compétitivité. Comment le bien-être au sens large (les droits, l’épanouissement au travail, la santé, la sécurité de l’emploi, etc.) et la motivation des travailleurs-euses (implication au travail, attachement à l’entreprise, etc.) évoluent-ils dans ce contexte ? Cette question servira de fil rouge à nos
débats. Lors de cette journée seront présentés les résultats d’une étude de grande ampleur menée au sein du CESCAP, portant sur les pratiques de flexibilité et leur impact dans deux secteurs clés de l’économie suisse : le commerce de détail et l’industrie des machines. Ces résultats seront mis en perspective par les interventions de deux expert-e-s des questions du marché du travail:
> Sergio Rossi, Professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, il est l’auteur entre autres de Macroéconomie monétaire: théories et politiques, Bruxelles, Bruylant, 2008 et Economic and Financial Crises: A New Macroeconomic Analysis, Basingstoke: Palgrave Macmillan, à paraître en 2015 (avec A. Cencini).
> Bénédicte Zimmermann, Directrice du Centre Georg Simmel à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle est notamment l’auteur de Ce que travailler veut dire, Paris, Economica, 2014 (2e édition) et co-éditrice de La liberté au prisme des capacités. Amartya Sen au-delà du libéralisme, Paris, EHESS, 2008 (avec J. De Munck). Cette conférence s’adresse à la fois au monde académique (enseignant-e-s, chercheur-e-s et étudiant-e-s) et à celui du travail (employeurs, personnel, partenaires sociaux, etc.).
Téléchargez le programme de la journée ainsi que la présentation des intervenant-e-s:
– Sergio Rossi: L’industrie des machines et le commerce de détail en suisse: une analyse d’ordre macroéconomique
– Morgane Kuehni & Aris Martinelli: Les transformations de l’industrie des machines et leur impact sur le bien-être et la motivation du personnel
– Nicola Cianferoni: La flexibilisation du travail dans le commerce de détail: quels effets sur l’implication des salarié-e-s?
– Bénédicte Zimmermann: Le travail à l’aune des capabilités
Comité d’organisation: Jean-Michel Bonvin, Nicola Cianferoni, Aris Martinelli – CESCAP
Contact: Nicola Cianferoni, nicola.cianferoni(at)eesp.ch, 021 651 03 53 -
Interview donnée à l’émission « Burn-out: quand le travail nous brûle les ailes »
Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, survient suite à une exposition à un stress chronique. Une enquête du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) signale qu’en Suisse le nombre de personnes souffrant de stress chronique est en constante augmentation.
Vacarme, émission produite et diffusée par la Radio télévision suisse (RTS), a réalisée une série de cinq reportages intitulée: « Burn-out: quand le travail nous brûle les ailes ».
Le quatrième porte sur le burn-out dans le secteur public en prenant comme exemple le cas de La Poste, entreprise où le travail a fortement évolué au cours des 20 dernières années en raison de la libéralisation du secteur.
Nicola Cianferoni a étudié l’impact de ces modifications sur les employés du géant jaune avec la recherche « Quand la modernisation produit de la souffrance: le cas de la Poste suisse » effectuée en 2009. Il intervient dans l’émission pour expliquer en quoi elle est toujours d’actualité.
Pour télécharger le fichier audio:
Vacarme, 4.9.2014 -
Souffrances hiérarchiques au travail: l’exemple du secteur public
SOUFFRANCES HIÉRARCHIQUES AU TRAVAIL: L’EXEMPLE DU SECTEUR PUBLIC
Sous la direction de Jean Ferrette
Postace de Marc Loriol et suivi d’un entretien avec Christophe Dejours
La souffrance au travail n’a pas qu’une origine matérielle, elle a aussi pour origine l’action humaine. Ces contributions envisagent les différentes manières dont s’exerce la pression hiérarchique et leur conséquence sur la santé physique et morale dans le champ de la fonction publique. Au-delà d’une explication par le seul «harcèlement» ou «l’organisation du travail», voici décrit avec précision comment la pression hiérarchique s’exerce et comment elle évolue sous l’effet des «nouvelles théories du management». Au-delà de ces exemples pratiques, c’est une invitation à reconsidérer les relations professionnelles et leurs alternatives.
Cet ouvrage rassembles les actes d’un colloque universitaire et syndical organisé par SUD éducation à Paris le 25-26 octobre 2012.
Référence complète: Cianferoni N. (2014), «La réduction des coûts générés par les malades ou les accidentés comme levier pour accroître la compétitivité de l’entreprise. Le cas de la gestion des absences à La Poste suisse», in Jean Ferrette (Ed.), Souffrances hiérarchiques au travail: l’exemple du secteur public, L’Harmattan, collection «Logiques sociales», 2014, p. 101-111.
Cliquez ici pour commander le livre sur le portail de l’éditeur. -
La fabrique du compromis sur le marché du travail suisse. Évolutions et défis actuels
Cet article fait partie du numéro 20 de la revue Négociations, qui consacre un dossier spécial à la thématique suivante: Penser le compromis.
La contribution de Jean-Michel Bonvin et Nicola Cianferoni présente une analyse de la notion de compromis et de son rôle dans le contexte du marché du travail suisse, caractérisé par la volonté des divers acteurs en présence de privilégier les solutions de compromis, que ce soit au niveau politique, au niveau de la branche ou de l’entreprise. Ce contexte est donc marqué par la prédominance d’un type de négociation largement intégratif où chacun des participants au jeu négociatoire est censé trouver un avantage.
Cependant, les auteurs montrent comment les récentes transformations du marché du travail suisse (accroissement des exigences de flexibilité, pression à la compétitivité, etc.) ont remis en cause les fondements de ce modèle ainsi que la possibilité même d’une négociation intégrative. Ils se demandent ainsi si cette évolution ne tend pas à déboucher sur des formes de négociation distributives, où les gains d’une partie coïncident avec les pertes de l’autre.
Après avoir présenté le contexte d’émergence et les caractéristiques principales du modèle helvétique de compromis, Jean-Michel Bonvin et Nicolas Cianferoni mettent en lumière les défis posés par ses évolutions récentes et les illustrent au moyen d’une étude de cas portant sur une entreprise de l’industrie des machines.
Téléchargez l’article de Jean-Michel Bonvin et Nicola Cianferoni via la plateforme Cairn.info.
Références complètes: Bonvin, J.-M., & Cianferoni, N. (2013). «La fabrique du compromis sur le marché du travail suisse. Évolutions et défis actuels.» Négociations, 20(2), 59-71. -
À propos de « L’assurance chômage en Suisse. Une sociohistoire (1924-1982) », ouvrage de J.-P. Tabin et C. Togni
Note de lecture publiée dans la revue Revue suisse de sociologie, n°40, 2013, p. 593-595.
Jean-Pierre Tabin & Carola Togni, L’assurance chômage en Suisse. Une sociohistoire (1924-1982), Editions Antipodes, Lausanne, 2013, 229 pages.
L’entrée en vigueur d’une assurance chômage obligatoire est l’aboutissement d’un processus long et complexe. Les auteurs proposent d’en établir une «socio-histoire» basée «sur le dépouillement systématique de sources et sur l’interprétation sociologique de ce qu’elles révèlent» (p. 14). Leur thèse peut être résumée ainsi: la création d’une assurance chômage institutionnalise l’émergence d’une nouvelle catégorie sociale, le chômage, située à mi-chemin entre la pauvreté et l’emploi. Ils estiment qu’un double consensus caractérise la période étudiée (1924–1982): d’une part, l’emploi est perçu comme «le seul moyen de distribuer la richesse en société» (p. 12) et, d’autre part, les coûts liés à l’indemnisation des chômeurs doivent être pris en charge « au sein d’un collectif » (p. 13). Le propos des auteurs est structuré autour de cinq chapitres dont chacun se rapporte à une période historique bien délimitée. Le premier chapitre focalise son attention sur les années qui suivent la Première Guerre mondiale, le deuxième sur la Grande Dépression des années 1930, le troisième sur les années de la Seconde Guerre mondiale, le quatrième sur la période de forte croissance économique des Trente Glorieuses et le cinquième sur la crise économique associée au choc pétrolier de 1973–74.
La Loi fédérale sur l’assurance chômage de 1924, premier jalon de ce long parcours, introduit la participation de l’Etat fédéral au financement des caisses. Il s’agit par là d’assurer la survie des caisses syndicales dont la situation financière se dégrade avec la hausse du chômage qui sévit durant la Première Guerre mondiale. Ces subventions sont allouées en contrepartie d’une limitation du droit de grève et d’une gestion comptable clairement séparée des autres activités syndicales. L’Etat fédéral dispose ainsi des leviers nécessaires à une première forme de contrôle des syndicats dans la gestion du chômage. Les subventions favorisent les caisses publiques et paritaires sur le long terme, au détriment de celles syndicales qui voient la proportion d’assurés (comparativement à l’ensemble des caisses) diminuer de 94% à 30% entre 1924 et 1975.
La révision constitutionnelle de 1947 permet de consolider les dispositions en vigueur tout en abrogeant un arrêté que le Conseil fédéral avait édicté en 1942, lorsqu’il disposait des pleins pouvoirs. D’après Tabin et Togni, le processus de «normalisation» de l’assurance se traduit à ce moment-là par l’adoption de quatre principes: le caractère facultatif de l’assurance, le financement par l’impôt et les cotisations salariales, la concurrence entre caisses et l’imposition de règles uniformes pour l’octroi des indemnités. Cette nouvelle base légale répond à la volonté de consolider la paix du travail et d’assurer une main-d’œuvre qualifiée sur le marché du travail. C’est pourquoi «l’accent (…) n’est plus mis sur l’indemnisation, mais sur la possibilité de changer les qualifications ou de renforcer la mobilité du travail» (p. 112). Le statut du chômeur connaît néanmoins une amélioration, en particulier pour les ouvriers masculins qualifiés.
Le pays connaît une crise économique d’envergure au milieu des années 1970, mais le taux de chômage officiel n’augmente pas pour autant de manière significative. Parmi les explications proposées figurent le retrait des femmes du marché de l’emploi, le retour des étrangers dans leurs pays d’origine et l’exclusion des personnes non assurées des statistiques. Un nombre croissant de salariés décide néanmoins de s’affilier auprès d’une caisse de chômage. Quant au gouvernement et aux partis politiques, ils considèrent tous qu’une révision de l’assurance chômage est nécessaire et urgente. En 1976, l’adoption d’un nouvel article constitutionnel introduit un régime de financement paritaire et consacre le caractère obligatoire de l’assurance pour les travailleurs tout en précisant que la loi peut prévoir plusieurs exceptions. Un arrêté fédéral d’une validité de cinq ans exclut toutefois le patronat du financement durant la période transitoire.
Le Parlement engage une procédure législative qui aboutit à l’adoption d’une nouvelle Loi fédérale sur l’assurance chômage (LACI) en 1982. D’après les auteurs, les débats sont marqués par quatre initiatives xénophobes qui rendent omniprésente la question de l’abus et «justifi[ent] sur la base de la rhétorique du juste milieu une politique restrictive en matière d’immigration» (p. 159). Le droit légal à des prestations de chômage comporte par conséquent de nombreuses exceptions qui s’appliquent à la population non résidente, comme c’est par exemple le cas des travailleurs frontaliers ou saisonniers. La LACI entérine également quatre nouveautés majeures, en partie déjà en vigueur durant la période transitoire: l’introduction d’une cotisation patronale dans le financement de l’assurance, le plafonnement du salaire assuré, la limitation de la participation financière des autorités à des circonstances exceptionnelles, la séparation entre encaissement et distribution (le premier étant pris en charge par les caisses de l’Assurance vieillesse et survivants – AVS – et le deuxième par les caisses de chômage). Le caractère involontaire de l’absence d’emploi, l’obligation d’accepter un travail convenable et le montant de l’indemnisation inférieur au salaire assuré caractérisent, dans la loi, cette nouvelle catégorie sociale du chômeur. Les auteurs ne précisent toutefois pas que cette catégorie repose aussi sur les sanctions prévues à l’encontre des chômeurs qui ne respectent pas les directives des offices cantonaux de l’emploi.
L’ouvrage est particulièrement riche dans la description des débats et l’analyse des changements législatifs. Tabin et Togni parviennent à démontrer que la mise en place d’une assurance chômage découle d’un compromis entre acteurs sociaux, dont les termes sont façonnés au cours d’une période historique longue, caractérisée à la fois par des bouleversements et des continuités. Les auteurs apportent ainsi des éléments précieux pour une meilleure compréhension du fondement des politiques sociales. La lecture de leur ouvrage se révèle également intéressante pour saisir l’un des mécanismes – la gestion du chômage – œuvrant à l’intégration du mouvement ouvrier dans le corporatisme suisse. L’analyse proposée ne met toutefois pas en relation l’essor de l’assurance chômage avec le fait qu’à la différence d’autres pays européens, aucun système de sécurité sociale cohérent ne voit le jour en Suisse après la Seconde Guerre mondiale, ce qui aurait impliqué une autre conception des droits sociaux. De plus, l’institution d’une assurance chômage obligatoire est très tardive. Ce manque de perspective globale amène les auteurs à définir le caractère «social» de l’assurance chômage sur la base de critères restrictifs.
Une discussion plus approfondie aurait été enfin souhaitable lorsque Tabin et Togni estiment que le caractère obligatoire de l’assurance «fait porter sur les victimes le prix du chômage et en dédouane totalement le patronat sinon par la fiction de la cotisation ‘patronale’ qui n’est rien d’autre qu’un salaire socialisé» (p. 179). En effet, si la création d’une assurance chômage obligatoire participe effectivement au processus de socialisation du salaire (les cotisations permettent le financement des prestations sociales), il n’en demeure pas moins qu’elle renchérit le coût du travail pour toutes les entreprises, indépendamment du fait qu’elles licencient ou pas. On regrettera enfin que des chiffres erronés concernant la cotisation dite de solidarité (confusion entre 1% et 1‰) aient pu amener les auteurs à considérer le montant en question comme étant «dérisoire» (p. 195). -
Streik bei Gate Gourmet in Genf
Streik bei Gate Gourmet in Genf. Der landesweite Gesamtarbeitsvertrag wird gegen die Beschäftigten im Cateringbereich gewendet
Article paru dans le mensuel Sozialistische Zeitung (SoZ), n°11, November 2013.
Traduction: Sozialistische Zeitung (SoZ)
Sechs Monate lang streikten die Kolleginnen und Kollegen von Gate Gourmet am Flughafen Düsseldorf für bessere Arbeitsbedingungen. Das war im Jahr 2006. Der Streik erregte großes Aufsehen und erfuhr viel Unterstützung. Jetzt ist die Reihe an den Beschäftigten in Genf.
-
Genève. Grève à Gate Gourmet. Une illustration de l’offensive patronale dans le secteur aérien
Article paru dans la revue www.alencontre.org le 5.11.2013.
Une grève est en cours à l’Aéroport international de Genève (AIG) depuis le 14 septembre 2013. Après celles de Swissport, Dnata et ISS Aviation en 2010, elle se déroule aujourd’hui chez Gate Gourmet, leader mondial de la restauration pour les compagnies aériennes. Le personnel soutenu par le Syndicat des services publics (SSP-VPOD) s’oppose à une dégradation drastique de ses conditions de travail. Ce type de lutte est assez exceptionnel en Suisse. En effet, les conflits de travail débouchent rarement sur une grève. De plus, les employeurs disposent de puissants moyens légaux pour limiter le recours à cet « instrument de lutte » des travailleurs. La lutte des grévistes de Gate Gourmet met en évidence l’inefficacité des actuelles Conventions collectives de travail (CCT) dans la prévention du dumping salarial. Pire, les employeurs peuvent jouer sur des CCT pour baisser les salaires, sous le regard bienveillant des pouvoirs politiques, unissant la droite et la « gauche ». Cet article a été publié dans le mensuel allemand SoZ. Un entretien avec les grévistes a été publié sur ce site en date du 31 octobre 2013.