• Notes de lecture

    À propos de « Quand le travail se précarise, quelle résistances collectives? », ouvrage dirigé par S. Béroud et P. Bouffartigue

    S. Béroud et P. Bouffartigue (dir,), Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives?, La Dispute, Paris, 2009, 355 pages
    Note de lecture publiée dans la revue Négociations, n. 14, 2010/2, p. 99-102.

    La précarité professionnelle a pris une ampleur considérable avec l’essor de la sous-traitance et du travail intérimaire depuis les années 1970. Elle s’est développée plus précisément sous la forme d’une insécurité de l’emploi, d’une pénibilité accrue des conditions de travail et d’une difficulté de disposer d’une représentation collective. La problématisation de ces trois aspects est d’un grand intérêt pour la réflexion sur la capacité de négociation des secteurs les plus instables du salariat contemporain. C’est bien ce que nous propose cet ouvrage collectif dirigé par Sophie Béroud et Paul Bouffartigue en s’appuyant sur une dizaine de contributions : étudier l’impact de la précarisation sur les capacités d’action collective des salariés et sur les stratégies des organisations syndicales.

  • Articles de presse

    Quand la Fiat veut briser les droits syndicaux

    Article publié dans la Revue virtuelle À l’encontre (19.1.2011)

    Six ans après une grève de 21 jours à Fiat-Melfi (Basilicate), qui a vu les ouvriers s’opposer au caractère « exténuant » des rythmes de travail, le constructeur automobile de Turin – le groupe Fiat – a engagé un nouveau bras de fer avec les salarié·e·s. Le groupe dirigeant de la firme souhaite relancer la production industrielle dans le cadre d’un plan dénommé « Fabbrica Italia » (Usine Italie) qui exige des salariés une « flexibilité polonaise »[1]. Les accords négociés par les syndicats – à l’exception de la Fiom et des Cobas[2] – pour la « sauvegarde » des sites de Pomigliano d’Arco (Campanie) et de Mirafiori (Piémont) constituent un véritable banc d’essai pour vérifier la mise en pratique de « nouvelles relations collectives de travail » fondées sur une dégradation des conditions de travail et l’éviction des syndicats les plus combatifs comme représentants des salariés.

    Ligne de production dans l’usine de Fiat-Mirafiori (2006)

  • Articles de presse

    Retour sur la grève chez ISS Aviation (Genève)

    Article publié en français dans la Revue virtuelle Alencontre (22.11.2010) et en italien dans le bimensuel Solidarietà (25.11.2010)
    La grève de 15 salarié·e·s qui a éclaté chez ISS Aviation à l’Aéroport International de Genève (AIG) à partir du 9 juillet s’est terminée le 9 novembre 2010. Cette grève a été provoquée par la décision d’ISS Aviation de résilier, unilatéralement, la Convention collective de travail (CCT), afin de diminuer les salaires en fin de carrière.

    Photo réalisée par Eric Roset, photographe RP

  • Travaux en progression

    Riorganizzazione del lavoro e salute dei salariati. Risultati di un’inchiesta alla posta svizzera

    Articolo pubblicato tra gli Atti della mattinata di studio del 23 gennaio 2010, la quale è stata organizzata dall’Associazione per la difesa del servizio pubblico (Canton Ticino) sul tema: « Pubblico e privato. Conseguenze della diversa natura giuridica su: qualità dei servizi, cittadini, impiego. »

    Problematica[1]

    La liberalizzazione dei servizi postali, il cui inizio risale alla fine degli anni ottanta[2], ha provocato sconvolgimenti di notevole importanza per le aziende del ramo. La produzione è stata riorganizzata secondo il paradigma della lean production, i tempi improduttivi sono stati ulteriormente ridotti mentre la gestione del personale è diventata più flessibile. La nostra inchiesta ha lo scopo di conoscere meglio l’impatto delle ristrutturazioni di un’ex regia federale – La Posta – sulla salute dei salariati e di valutare l’efficacia delle misure messe in atto dall’azienda per ridurre il rischio di malattie e infortuni.
    Un centro di distribuzione postale della svizzera romanda nel quale lavoravano 365 impiegati costituisce il « terreno sociologico » dell’indagine. Le analisi sono centrate soprattutto sul lavoro dei postini e si basano su dati empirici quantitativi e qualitativi (cinque interviste effettuate con degli impiegati e un questionario anonimo al quale ha risposto il 51,8% del personale) raccolti durante il mese di febbraio 2009, cioè pochi mesi prima della diminuzione drastica del volume di invii postali a causa della crisi economica. La direzione della Posta ha collaborato alla ricerca rispettando tuttavia il suo carattere indipendente e universitario.

  • Interviews

    « T’es là pour travailler et c’est tout »

    Témoignage des salarié-e-s au 57e jour de grève chez ISS Aviation à Genève

    Cet entretien, conduit par Nicola Cianferoni & Hans Oppliger, a été publié dans la revue À l’encontre (11.9.2010)

    Dans une annonce publicitaire du 23 août 2010, publiée dans les quotidiens édités à Genève, ISS Aviation déclare que la réalité est bien différente des «slogans syndicaux». L’entreprise ne serait pas en grève. Toute allusion à la précarisation et au «dumping salarial» serait infondée, voire mensongère. Néanmoins, la détermination des grévistes n’a pas fléchi depuis le début de leur lutte. Mis à part le dimanche, jour de relâche, elles* siègent chaque jour au piquet de grève, situé devant la porte ABT de l’aéroport, où elles distribuent leurs tracts aux salarié·e·s qui se rendent au travail. La décision d’entamer une grève n’est jamais facile à prendre. Il faut savoir tenir bon face à l’employeur, aux collègues non-grévistes et aux médias hostiles aux luttes syndicales et les dénigrant, plus ou moins directement, en diffusant «une information» qui obscurcit les ressorts d’une bataille pour la dignité et des droits élémentaires.
    Dans chaque expression de résistance sur les lieux de travail, il y a toujours une réalité très concrète, celle de tous les jours, qui en constitue l’origine, la cause. Personne ne vit et ne travaille dans l’abstrait. Au 57e jour de grève, nous nous sommes entretenus avec la moitié des grévistes pour comprendre quelles sont précisément ces conditions de travail et de vie qui les ont amenées à s’engager dans une grève de longue durée. De ces récits, que nous reproduisons ci-dessous sous une forme anonyme, ressort une réalité bien plus proche des «slogans syndicaux» que ne le prétend la direction d’ISS Aviation.
    * Nous utilisons le féminin puisque les grévistes sont une grande majorité de femmes.

  • Interviews

    Mattinata di studio dell’Associazione per la difesa del servizio pubblico (Canton Ticino)

    L’organizzazione del lavoro è dannosa per i salariati? Risultati di un’inchiesta alla Posta svizzera

    Nell’ambito di una tesi di master in socio-economia realizzata all’’Università di Ginevra, Nicola Cianferoni ha svolto un’inchiesta sulle cbndizioni di lavoro e la gestione delle assenze alla Posta svizzera, la quale sarà presentata il 23 gennaio 2010, in occasione della giornata di studio organizzata dall’Associazione per la difesa del servizio pubblico (ASP). La radiotelevisione della Svizzera italiana ha realizzato un servizio sul convegno ne Il Quotidiano (TSI, 23.02.2010). Il quindicinale Solidarietà ha invece colto l’occasione di porgli qualche domanda su un tema – la salute dei salariati – che fa sempre più discutere.
  • Travaux de recherche

    Mémoire de Master (Université de Genève)

    L’absentéisme, symptôme de la souffrance au travail ? Réorganisation du travail et santé des salariés à La Poste Suisse

    Télécharger ici l’étude en format pdf

    Les conditions de travail d’une ancienne régie fédérale et les politiques managériales de prévention et de promotion de la santé qu’elle met en œuvre constituent les deux thèmes principaux de ce mémoire. Nos analyses entendent formuler des éléments de réponse à deux questions. Premièrement, la modernisation de cette entreprise porte-t-elle atteinte à la santé des salariés ? Les services postaux connaissent des restructurations profondes depuis la fin des années 1980, c’est-à-dire depuis que les premiers jalons d’un marché postal à l’échelle européenne ont été posés. Dans cette évolution, la gestion du personnel et le rapport aux usagers de la plupart des entreprises de « service public » se sont rapprochées de ceux des entreprises privées. Deuxièmement, les programmes de prévention et de promotion de la santé constituent-ils un véritable appui pour les salariés ? Dans cette étude, nous nous intéressons tout particulièrement au système de gestion des absences « pro présence » développé par GloboSana, une entreprise spécialisée dans l’élaboration de concepts pour une gestion plus efficace de la santé. Ce dispositif permet d’appliquer la « détection précoce » fixé par la 5e révision de l’Assurance invalidité (AI). Il a été introduit à La Poste en 2006, mais aussi dans d’autres grandes entreprises suisses, comme les Chemins de fer fédéraux (CFF) ou la Migros.

    Les résultats de cette étude laissent entendre que atteintes à la santé augmentent lorsque les salariés se trouvent désarmés face à l’intensification du travail. C’est le cas, notamment, lorsque les facteurs perdent progressivement la maîtrise de leur travail, c’est-à-dire la connaissance intime de leurs  tournées, et ne parviennent plus à mobiliser leurs savoirs professionnels pour s’adapter aux nouvelles cadences. Ce constat concerne une partie non négligeable de salariés : ne pouvant ni avoir une véritable emprise sur les aspects centraux du travail, ni satisfaire convenablement « leur » propre clientèle, les sentiments d’impuissance éprouvés à l’égard de la réorganisation du travail prennent parfois le pas sur leur «pouvoir d’agir» et génèrent des souffrances profondes. La gestion individualisée du personnel tend à gommer les structures hiérarchiques à l’intérieur de l’entreprise, ce qui amène les salariés à considérer que leurs collègues sont à l’origine de leurs souffrances. Nous assistons ainsi à une « psychologisation des rapports sociaux ». L’érosion des collectifs de travail, le départ des salariés les plus anciens, la difficulté à maintenir un « genre professionnel » face aux réorganisations du travail et la difficulté à exprimer collectivement les conflits sociaux ne pourraient qu’aggraver ces phénomènes.
    La santé des salariés a commencé à faire l’objet d’une « gestion » rationnelle par La Poste à partir du moment où il s’agissait de réduire les coûts générés par les maladies et les accidents pour accroître la compétitivité de l’entreprise. Cette approche instrumentalise la santé dans un rapport coûts / bénéfices assimilant l’amélioration des conditions de travail à un moyen d’augmenter le taux de présence et non comme un but en soi. La méthode pro présence est considérée comme un appui seulement pour une minorité des salariés concernés, celle pouvant réintégrer un travail à l’abri de la pression du flux tendu. Cette méthode comporte des éléments discutables : les salariés dont l’état de santé est identifié comme fragile sont exposés à une gestion strictement utilitariste du personnel. Quant aux cercles de santé, ils ne semblent pas prendre suffisamment en considération les savoirs et les connaissances professionnelles des salariés.
    La mise en place d’une commission d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) pourrait accroître l’implication des salariés dans la prévention et la promotion de la santé, favorisant ainsi leurs stratégies d’adaptation à la réorganisation du travail. La Poste aurait également intérêt à mieux connaître les situations favorables ou défavorables à la santé. Une étude longitudinale, consistant à suivre un échantillon de facteurs pendant une longue période, permettrait de mesurer les conséquences des restructurations de l’entreprise en terme d’usure des corps. Les connaissances scientifiques élaborées par une équipe interdisciplinaire de spécialistes, chargée de mener des études mettant en valeur les connaissances et les savoirs professionnels de chaque salarié, seraient mises au profit si elles pouvaient aboutir à une meilleure formation des cadres et des salariés.

  • Interviews

    L’industrie de la Vallée de l’Arve: le miroir d’une mondialisation qui transforme la planète ?

    Interview paru dans la revue www.alencontre.org le 8 juin 2007 (avec Charles Barbey).
    Comment décortiquer un phénomène aussi complexe que la mondialisation du capital ? Dans le film “Ma mondialisation”, Gilles Perret nous propose d’assister aux transformations de l’industrie du décolletage qui ont affecté la vallée de l’Arve en Haute-Savoie. Ce type d’industrie fabrique des pièces de haute précision pour la production de l’automobile et l’aéronautique militaire et médicale. Ces dernières années, la mondialisation du capital a tout bouleversé. À travers le regard d’un chef d’entreprise, le film révèle les dynamiques économiques et financières qui mènent à la fermeture des usines et à la délocalisation de la production vers la Chine et l’Europe de l’Est. Nous avons rencontré Gilles Perret pour lui poser quelques questions à propos de ce film.