• Colloques,  Conférences

    Les effets et enjeux de la numérisation des territoires, des professions et du travail

    Lundi 18 novembre 2019, 14h00-18h00, Institut de sociologie, Université de Neuchâtel

    La numérisation croissante de nos sociétés affecte un nombre croissant d’activités et de professions. La manière de consommer, de voyager, de travailler, de consulter des informations sur l’actualité, de prendre part au débat public et de s’adresser aux organisations a profondément évolué au cours des vingt dernières années. L’ampleur des changements en cours est considérable. Les plateformes numériques et leurs algorithmes reconfigurent les marchés, les relations des entreprises à leurs clientèles et des pouvoirs publics aux citoyens et citoyennes. Les notions d’économie du partage (sharing economy), d’économie à la tâche (gig economy) ou encore d’ubérisation tendent à entrer dans le langage courant. Ces changements et les enjeux qu’ils soulèvent génèrent un intérêt grandissant des chercheurs et chercheuses en sciences sociales, politiques économiques ainsi qu’en droit, et constituent désormais un domaine de recherche foisonnant.

    Cette journée d’étude vise à rassembler quelques spécialistes de la numérisation des territoires, des professions et du travail, pour prendre connaissance des résultats de leurs travaux, échanger avec eux et nourrir une réflexion collective.

    Conférence

    • Algorithmes et régulation des territoires (Maxime Crépel, SciencesPo MédiaLab)

    Workshop

    • Les enjeux du management algorithmique (Luca Perrig, UNIGE)
    • Intelligence artificielle et droit social (Aurélien Witzig, UNINE et UNIGE)
    • L’innovation numérique dans une grande redaction (Marie Rumignani, UNINE)

    Comité d’organisation

    • Philip Balsiger (UNINE)
    • Nicola Cianferoni (UNINE)
    • Thomas Jammet (UNINE)
    • Muriel Surdez (UNIFR)
  • Interviews,  Livres

    Travailleurs compressés

    Cet entretien est paru dans le supplément Indices du quotidien L’Agefi le 4.11.2019.

    L’enquête de N. Cianferoni, basée sur 78 entretiens réalisés auprès de dirigeants, de travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et de secrétaires syndicaux, met en évidence une réorganisation du travail à tous les échelons et interroge la place de la journée de travail dans notre société.

    Propos recueillis par Alain Max Guénette.

    Pourquoi une enquête sur la grande distribution?

    La grande distribution est un secteur emblématique de la consommation de masse et, de ce fait, elle se situe au cœur des changements sociétaux depuis plus d’un demi-siècle. Après avoir connu son apogée dans la période fordiste d’après-guerre, elle adopte rapidement les préceptes de la production flexible développés dans l’industrie automobile. Chaque magasin représente un segment de la production qui, au même titre que les fournisseurs, se trouve relié à une chaîne invisible où chaque produit circule juste-à-temps, nécessitant une mobilisation permanente du personnel pour assurer que le flux ne soit jamais interrompu. L’application des méthodes productives industrielles permet d’augmenter la productivité et d’accélérer la vitesse de roulement des marchandises. Il n’en reste pas moins que la relation avec la clientèle joue un rôle structurant dans l’activité. C’est la raison pour laquelle la grande distribution est aussi emblématique du développement des services dans les économies développées. Ce qui distingue la grande distribution des industries traditionnelles est la coexistence de deux flux tendus: l’un des client·e·s, l’autre des marchandises. Les restructurations mettent en jeu les deux temporalités spécifiques à l’un et à l’autre.