• Articles de revue

    Quand la modernisation produit de la souffrance. Le cas de La Poste suisse

    interrogations
    Article publié dans la revue ¿Interrogations?, n. 12, 2011/1, p. 79-96.

    Résumé

    La libéralisation du secteur postal initiée au début des années 1990 a amené La Poste suisse à décentraliser ses structures productives en réorganisant sa production, le but étant d’augmenter les cadences et de réduire les temps morts. Le facteur, sur lequel se concentrent ces mesures, ne parvient plus toujours à assurer la qualité de son travail qu’il associe à la relation avec les usagers, et redouble ses efforts pour pallier les défaillances de l’organisation du travail. Les souffrances qui en résultent sont aggravées par un conflit social latent qui ne trouve aucune expression collective et structurée. Ainsi, il convient d’interroger la possibilité de réduire ces souffrances par une réglementation accrue du secteur postal et la mise en place d’instances favorisant le développement de l’emprise des salariés sur leur travail.
    Mots clefs: Libéralisation, entreprise publique, restructuration, conditions de travail, conflit social

    Summury

    The liberalization of the postal sector initiated in the early 1990s led the Swiss Post to decentralize its structures by reorganizing its production. The aim was to increase the productivity and to reduce unproductive times. The postman, whose work is the main focus of these measures, is no longer able to ensure the quality of his work, which he associates to the relationship with users. In consequence, he redoubles his efforts to overcome the failures of the organization of work. This situation generates suffering that is exacerbated by a latent social conflict deprived of collective voice and structured expression. Thus, it should examine the possibility to reduce this suffering by an increased regulation of the postal sector and the development of employees’ control over their work.
    Keywords: Liberalization, public company, restructuring, working conditions, social conflict

  • Notes de lecture

    À propos de “Quand le travail se précarise, quelle résistances collectives?”, ouvrage dirigé par S. Béroud et P. Bouffartigue

    S. Béroud et P. Bouffartigue (dir,), Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives?, La Dispute, Paris, 2009, 355 pages
    Note de lecture publiée dans la revue Négociations, n. 14, 2010/2, p. 99-102.

    La précarité professionnelle a pris une ampleur considérable avec l’essor de la sous-traitance et du travail intérimaire depuis les années 1970. Elle s’est développée plus précisément sous la forme d’une insécurité de l’emploi, d’une pénibilité accrue des conditions de travail et d’une difficulté de disposer d’une représentation collective. La problématisation de ces trois aspects est d’un grand intérêt pour la réflexion sur la capacité de négociation des secteurs les plus instables du salariat contemporain. C’est bien ce que nous propose cet ouvrage collectif dirigé par Sophie Béroud et Paul Bouffartigue en s’appuyant sur une dizaine de contributions : étudier l’impact de la précarisation sur les capacités d’action collective des salariés et sur les stratégies des organisations syndicales.

  • Articles de presse

    Quand la Fiat veut briser les droits syndicaux

    Article publié dans la Revue virtuelle À l’encontre (19.1.2011)

    Six ans après une grève de 21 jours à Fiat-Melfi (Basilicate), qui a vu les ouvriers s’opposer au caractère « exténuant » des rythmes de travail, le constructeur automobile de Turin – le groupe Fiat – a engagé un nouveau bras de fer avec les salarié·e·s. Le groupe dirigeant de la firme souhaite relancer la production industrielle dans le cadre d’un plan dénommé « Fabbrica Italia » (Usine Italie) qui exige des salariés une « flexibilité polonaise »[1]. Les accords négociés par les syndicats – à l’exception de la Fiom et des Cobas[2] – pour la « sauvegarde » des sites de Pomigliano d’Arco (Campanie) et de Mirafiori (Piémont) constituent un véritable banc d’essai pour vérifier la mise en pratique de « nouvelles relations collectives de travail » fondées sur une dégradation des conditions de travail et l’éviction des syndicats les plus combatifs comme représentants des salariés.

    Ligne de production dans l’usine de Fiat-Mirafiori (2006)

  • Articles de presse

    Retour sur la grève chez ISS Aviation (Genève)

    Article publié en français dans la Revue virtuelle Alencontre (22.11.2010) et en italien dans le bimensuel Solidarietà (25.11.2010)
    La grève de 15 salarié·e·s qui a éclaté chez ISS Aviation à l’Aéroport International de Genève (AIG) à partir du 9 juillet s’est terminée le 9 novembre 2010. Cette grève a été provoquée par la décision d’ISS Aviation de résilier, unilatéralement, la Convention collective de travail (CCT), afin de diminuer les salaires en fin de carrière.

    Photo réalisée par Eric Roset, photographe RP

  • Interviews

    « T’es là pour travailler et c’est tout »

    Témoignage des salarié-e-s au 57e jour de grève chez ISS Aviation à Genève

    Cet entretien, conduit par Nicola Cianferoni & Hans Oppliger, a été publié dans la revue À l’encontre (11.9.2010)

    Dans une annonce publicitaire du 23 août 2010, publiée dans les quotidiens édités à Genève, ISS Aviation déclare que la réalité est bien différente des «slogans syndicaux». L’entreprise ne serait pas en grève. Toute allusion à la précarisation et au «dumping salarial» serait infondée, voire mensongère. Néanmoins, la détermination des grévistes n’a pas fléchi depuis le début de leur lutte. Mis à part le dimanche, jour de relâche, elles* siègent chaque jour au piquet de grève, situé devant la porte ABT de l’aéroport, où elles distribuent leurs tracts aux salarié·e·s qui se rendent au travail. La décision d’entamer une grève n’est jamais facile à prendre. Il faut savoir tenir bon face à l’employeur, aux collègues non-grévistes et aux médias hostiles aux luttes syndicales et les dénigrant, plus ou moins directement, en diffusant «une information» qui obscurcit les ressorts d’une bataille pour la dignité et des droits élémentaires.
    Dans chaque expression de résistance sur les lieux de travail, il y a toujours une réalité très concrète, celle de tous les jours, qui en constitue l’origine, la cause. Personne ne vit et ne travaille dans l’abstrait. Au 57e jour de grève, nous nous sommes entretenus avec la moitié des grévistes pour comprendre quelles sont précisément ces conditions de travail et de vie qui les ont amenées à s’engager dans une grève de longue durée. De ces récits, que nous reproduisons ci-dessous sous une forme anonyme, ressort une réalité bien plus proche des «slogans syndicaux» que ne le prétend la direction d’ISS Aviation.
    * Nous utilisons le féminin puisque les grévistes sont une grande majorité de femmes.